Miracle

La définition courante de ce terme est bien résumée par la page Wikipédia qui lui est consacré : « fait extraordinaire , dépourvu d’explication scientifique, qui est alors vu comme surnaturel et attribué à une puissance divine« . Cette définition développe en cela celle du dictionnaire Robert: « Fait extraordinaire où l’on croit reconnaître une intervention divine« .

Une définition moderne

C’est une définition très moderne qui pose deux problèmes: celui du fait et celui du surnaturel (en opposition à l’explication scientifique). Un fait (toujours selon Wikipédia) est un événement advenu ou advenant dans l’histoire d’un individu ou d’un groupe. Il est caractérisé par son extériorité, par opposition à une idée qui, elle, relève de l’intériorité. Un fait a quelque chose d’incontournable et de reconnaissable par tout un chacun. Il est de l’ordre de l’évidence. Nous verrons plus bas que la Bible ne se situe pas dans le même registre.

Quant au surnaturel (comme principe explicatif du miracle en lieu et place de la science), il suppose une conception du monde radicalement coupée en deux dimensions. D’une part, le monde naturel (celui dans lequel nous vivons) que nous pouvons percevoir et expliquer par la raison et la science. D’autre part, le monde surnaturel (celui du divin) que la raison ne peut saisir et qui a la possibilité de surgir dans le monde naturel sous forme de miracle, de révélation, de destruction ou de création ex nihilo.

Une définition biblique

Il en est tout à fait autrement dans le monde biblique. Ces textes se sont écrits dans une autre conception du monde où le naturel et le surnaturel ne s’oppose pas. Dieu est certes dans les cieux, mais les cieux la terre forment ensemble un même monde. Et Dieu est aussi présent dans son temple, avec le peuple dans le désert durant l’Exode tout comme dans le souffle ténu d’un silence! Pour l’écrire simplement: le surnaturel est tout à fait naturel pour la Bible.

C’est pourquoi les mots de la Bible, habituellement traduit par miracle, nous entraine dans d’autres voies de compréhension. L’hébreu dispose de plusieurs mots qui sont traduits en français par miracle. Le plus intéressant est nès qui vient d’une racine qui signifie: « pieu » et par extension: « étendard ». Autrement dit, un nès se voit de loin. Il est la marque visible d’une force que l’on ne voit pas encore ou que l’on ne pourrait identifier sans lui. Autrement dit, le miracle n’est pas un fait, mais un signe qui demande une interprétation.

On retrouve ce sens dans le grec du Nouveau Testament. Deux mots sont principalement traduits par miracle. Il s’agit de « dynamis » et de « smeion« . On retrouve le premier dans le français d’aujourd’hui « dynamique ». Il indique qu’un miracle n’est pas un fait isolé, mais un élément d’un mouvement plus large, d’une dynamique globale. C’est la dynamique créatrice continue et bénissante de Dieu. Quant au mot « smeion » , il a offert au français les mots « sémaphore » et « sémantique ». La langue grecque a vraiment ce sens dans le Nouveau Testament.

Un acte qui fait signe

Un miracle est donc un acte qui fait signe à celui ou celle qui le considère. Un miracle n’a donc pas de sens en tant que tel, mais il nécessite une interprétation. Il a besoin d’une parole qui lui donne son sens. Il n’est donc pas forcément lié au merveilleux ou au spectaculaire. Dans l’évangile selon Jean (Jn 9,16), un même acte est interprété par l’évangéliste comme un miracle. Mais ce même évangéliste rapporte que les pharisiens contestent qu’il puisse s’agir d’un miracle. Un conflit des interprétations à l’œuvre.

C’est en traduisant le Nouveau Testament en latin et en utilisant le mot: « miraculum » (qui vient du verbe « mirari « qui a donné en français admiration) que le terme de miracle a pris sa connotation d’actes merveilleux. Plus tard, avec la montée de la modernité qui a profondément questionné la réalité historique des miracles de Jésus, sont nés les concepts d’actes surnaturels pour justifier l’existence de ces actes de Jésus et de ses disciples. C’est aussi pour cela que le miracle est devenu une preuve dans le langage courant de la foi.

Le miracle: un acte de foi

Pourtant, un examen minutieux des textes bibliques monte que le miracle n’est pas une preuve, ni une évidence, mais un acte de foi! Au fond, il est peut important de savoir que les miracles de Jésus ont été des faits historiques. Il est beaucoup plus important de comprendre si et en quoi ils sont pour nous aujourd’hui des signes venus de Dieu. Sachant que dans cette perspective, le premier miracle est bien Jésus Christ lui-même, signe unique de l’amour de Dieu en actions.

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