Un nouvel entretien avec Guy Lasserre
Le Groupe des Dombes, en bref
Le Groupe des Dombes est un groupe œcuménique de recherche et de réflexion. Il réunit en effet une quarantaine de théologiens catholiques et protestants. Guy Lasserre, qui a récemment publié une importante étude sur les sacrifices dans l’Ancien Testament nous présente le Groupe des Dombes. Actuellement, le Groupe des Dombes se réunit à l’Abbaye de Pradines (France). Entretien exclusif.
Guy Lasserre, vous avez été longtemps membre du Groupe des Dombes, en quoi ton engagement dans ce groupe de réflexion œcuménique a-t-il nourri ton travail de bibliste ?
Le Groupe des Dombes part de préoccupations œcuméniques et ecclésiales actuelles, il cherche à les comprendre et à offrir des perspectives de réconciliation entre les Églises protestantes et catholiques en lien avec ces problématiques. Il aborde les textes bibliques dans la perspective de son travail, à la lumière de questions actuelles et de parcours historiques. Il oriente ainsi le travail biblique, montre comment les textes bibliques ont été reçus et demande une réflexion sur leur interprétation.
Pouvez-vous nous donner un exemple?
Pour donner un exemple, le travail fait sur l’autorité, paru sous le titre « Un seul maître », l’autorité doctrinale dans l’Église (Paris, Bayard, 2005) m’a rendu plus conscient des diverses instances d’autorité en théologie, textes bibliques, confessions de foi, dogmes, liturgies, paroles de théologiens, décisions de synodes ou de conciles… mais aussi des manières diverses de faire jouer ces instances entre elles. Leur poids respectif varie selon les temps, les contextes ecclésiaux ou culturels et les confessions. Ces réflexions interrogent aussi le bibliste à la fois sur son usage de la Bible dans sa pratique et sur la manière dont la problématique de l’autorité apparaît dans les textes bibliques.
Celle-ci joue un rôle important aussi bien dans les évangiles où l’autorité de Jésus est souvent contestée que dans un texte comme le récit de la Pâque de Josias en 2 Chroniques 35, qui cherche à imposer une pratique cultuelle au nom de textes et d’ancêtres célèbres.
Une découverte particulière dans votre engagement dans le Groupe des Dombes?
L’engagement dans le Groupe des Dombes m’a aussi amené à expérimenter et apprendre une éthique du dialogue. Pour que les échanges puissent être féconds, ils demandent que chacun fasse confiance à l’autre et reconnaisse sa parole comme une expression légitime de la foi chrétienne. Il demande aussi que j’accepte de ne pas enfermer l’autre dans l’image que j’ai de lui mais de le laisser me dire qui il est et comment il se comprend. Le cheminement permet alors de se redécouvrir aussi soi-même et ouvre de nouvelles approches de ce que nous avons en commun comme de ce qui nous est propre.
Et sur un plan plus personnel?
Comme bibliste, cette éthique a nourri à la fois ma démarche de dialogue avec les textes des Écritures pour la vivre dans le respect de leur altérité et dans ma manière de dialoguer avec les autres interprètes des diverses traditions et époques. Il est toujours tentant de caricaturer l’autre pour pouvoir plus facilement le critiquer ou l’annexer. C’est souvent lorsqu’il fait évoluer mon propre regard que l’autre est reconnu.